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dimanche 31 mai 2015

BANDE ANNONCE DE GOING CLEAR (EDIFIANT)

Produit par HBO, le documentaire Going Clear avait fait énormément de bruit lors de sa présentation au dernier Festival de Sundance. Ce film destiné à la télévision s'intéresse aux fondements et aux secrets de l’Église de la Scientologie, basé sur une enquête de son réalisateur oscarisé Alex Gibney et sur l'essai du journaliste (et lauréat du Pulitzer) Lawrence Wright intitulé Going Clear: Scientology and the Prison of BeliefGoing Clear revient aux origines de la secte en racontant l'histoire de son créateur, L. Ron Hubbard. De récits de rencontres avec des pygmées philippins en blessures de guerre largement exagérées, la vie d'Hubbard et sa mise en scène portent déjà en elles une large part de romanesque. Hubbard lui-même était romancier de science-fiction, une SF dans laquelle se trouvent des premières traces de Scientologie. Ces étranges épisodes de vie ont un quelque chose de déjà vu : en effet, The Master de Paul Thomas Anderson contient un certain nombre d'éléments communs avec l'histoire d'Hubbard. Le film avait d'abord été annoncé (un peu vite ?) comme une œuvre sur la Scientologie, et si Anderson a emmené le récit ailleurs, c'est quand même largement de Scientologie dont il est question.
Le reste du documentaire Going Clear semble encore plus franchement fictionnel... à mesure qu'il perd en romanesque. On a du mal à y croire, tout semble bigger than life... et tout se déroule devant nos yeux. Il faut voir Tom Cruise refaire (ou préparer ?) son rôle de gourou dans Magnolia lorsqu'il se rend à un gala de la Scientologie se déroulant dans une sorte de vaisseau spatial d'un kitsch grandiloquent tout droit sorti de Jupiter Ascending. Dans un registre plus léger, l'exhumation du clipStanding Tall, hymne à la Scientologie à la façon des chansons humanitaires des 80s, est un grand moment de réjouissance et d'improbable. Mais derrière le rire, derrière les histoires de Tom Cruise payant pour extraire des entités inconnues de son corps, il y a un portrait qui fait froid dans le dos.

Alex Gibney, minutieusement, raconte le lavage de cerveau organisé par les pontes de la secte. Quelques uns des intervenants dans le documentaire étaient hauts placés et ne font désormais plus partie de la Scientologie. Ils sont harcelés, poursuivis, intimidés, et leurs témoignages (comme les images que Gibney est parvenu à se procurer) sont impressionnants. Les récits de familles brisées par la secte, entre ceux qui y restent et ceux avec qui les ponts sont coupés, sont déchirants. Derrière l'incongruité surréaliste, le trop fou pour être vrai, se dessine alors un film d'horreur particulièrement glaçant.


Going Clear

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