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jeudi 5 juin 2014

LE JOUR LE PLUS LONG : D DAY


"Les sanglots longs des violons de l'automne, blessent mon coeur d'une langueur monotone, je répète Les sanglots longs des violons de l'automne, blessent mon coeur d'une langueur monotone", c'est cette phrase célèbre qui a fait fait commencé la mission "Overlord", en permettant aux alliés de débarquer sur les côtes normandes pour libérer la France et l'Europe. Ce jour appelé aussi D Day en ce jour du 6 juin 2014, en fêtant son 70ème anniversaire, quoi de mieux que de faire la fiche complète du Film de Darryl F.Zanuck "Le Jour le plus Long" qui représente à lui seul la quintessence de ce jour de gloire, à l'aune d'une époque où ce type de films ne se fera plus, utilisant à foison les images réelles en en faisant des Docu-Fictions.

En fait même si c'est Darryl F.Zanuck qui est le plus rattaché au film, celui-ci a été co-réalisé avec Ken Annakin (coté anglais), Andrew Marton (coté américain) et Bernard Wicki (coté allemand).

FICHE TECHNIQUE




Réalisation : Ken Annakin, Darryl F.Zanuck, Andrew Marton, Bernhard Wicki
Séquences des combats : Elmo Williams
Séquences de sauts en parachutes : Gerd Oswald

Assistants réalisateurs : Bernard Farrel, Tom Pevsner, Louis Pitzele, Gérard Renateau, Jean Herman et Henri Sokal.

Scénario : Cornélius Ryan (d'après son roman), Romain Gary, James Jones, David Pursall, Jack Seddon, Erich Maria Remarque et Noel Coward.

Direction Artistique : Ted Aworth, Léon Barsacq, Vincent Korda et Gabriel Béchir
Photographie : Jean Bourgouin, Walter Wottitz, Pierre Levent, Henri Persin et Guy Tabary
Prises de vues aériennes : Guy Tabary
Ingénieur du Son : Jo de Bretagne, Jacques Maumont et William Sivel
Effets Spéciaux : Karl Baumgartner, Karl Helmer, Augie Lohman, Robert McDonald, Alex Weldon, Joseph de Bretagne, David S.Horsley et Wally Weevers.
Effets Visuels : Jean Fouchet
Montage : Samuel E.Beetley
Script-Girl : Lucie Lichtig
Producteurs : Darryl F.Zanuck et Elmo Williams
Musique : Maurice Jarre et thème de Paul Anka arrangé par Mitch Miller
Durée : 2h50

Date de sortie : 4 Octobre 1962 (USA)
                        25 Septembre 1962 (France)

Date de tournage entre Septembre et Novembre 1961
Budgets : 10 000 000 $

Conseillers militaires : Général Gunther Blumentritt, Lieutenant Général James Gavin, Major John Howard, Capitaine de Frégate Philippe Kieffer, Général d'armée Pierre Koenig, Capitaine Helmut Lang, Général de Brigade The Earl of Lovat, Général Sir Fréderik Morgan, Lieutnant Général Max Pemsel, Major Werner PLuskat, Colonet Josef Priller, frau Lucie Maria Rommel, Vice Amiral Frédérich Ruge.

Conseillers Techniques : Commandant Jean Barral, Lieutenant Colonel Roger Bligh, Commandant Willard L.Bushy, Commandant Hubert Deschard, Lieutenant Colonel A.J Hillebrand, Colonel James R.Johnson, Capitaine Fernad Prevost, Lieutenant Commandant E.C.Peake, Colonel Albert Saby et Colonel Joseph B.Seay.

Box Office : 50 100 000 $ (monde) - 39 000 000 $ (USA) et 11 910 000 entrées France.

SYNOPSIS




Il s'agit de séquences, parfois tirées de l'anecdote qui s'enchaînent chronologiquement sur les différents théâtres d'opérations et centres de commandement du débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944.....

DISTRIBUTION - BRITANNIQUES




Patrick Barr : Group Captain JM Stagg
Lyndon Brooks : Lt Walsh
Richard Burton : Flying Officier David Campbell
Bryan Coleman : Ronald Callen
Sean Connery : Soldat Flanagan
Bernard Fox : Un soldat
Leo Genn : Brigadier Général Edwin Parker Jr
John Gregson : Un aumônier militaire
Jack Hedley : Officier de l'information de la RAF
Donald Houston : Un pilote de la RAF
Simon Lack : Air Marshal Trafford Leigh-Mallory
Peter Lawford : Brigadier Lord Lovat
Leslie de Laspee : Piper Bill Millin
Michael Medwin : Soldat Watney
Kenneth Moore : Capitaine Colin Maud
Louis Mounier : Air Marshal Arthur William Tedder
Trevor Reid : Général Bernard Montgomery
John Robinson : Amiral Bertram Ramsey
Norman Rossington : Soldat Clough
Richard Todd : Major John Howard
Richard Wattis : Un parachutiste

DISTRIBUTION : AMERICAINS ET CANADIEN




Henry Fonda : Théodore Rossevelt Jr
John Wayne : Colonel Benjamin Vandervoort
Robert Mitchum : Général Norman Cota
Robert Ryan : Général James M.Gavin
Mel Ferrer : Général Robert Haines
Rod Steiger : Commandant de destroyer
Red Buttons : Soldat John Steele
Roddy McDowall : Soldat Morris
Eddie Albert : Colonel Thomson
Paul Anka : Un ranger américain
Richard Beymer : Soldat Dutch Schultz
Ray Danton : Capitaine Frank
Fred Dur : Major des rangers
Tony Mordente : Un ranger
Steve Forrest : Capitaine Harding
Henry Grace : Général Eisenhower
Peter Helm : Un jeune GI
Jeffrey Hunter : Sergent John Fuller
Alexander Knox : Général Walter B.Smith
Dewey Martin : Soldat Wilder
John Meillon : Amiral Alan Kirk
Sal Minéo : Soldat Martini
Edmond O'Brien : 4e infantry division
Ron Randell : Joe Williams
Tommy Sands : Un ranger
George Segal : Un  ranger
Nicholas Stuart : Général Omard Bradley
Tom Tryon : Lieutenant Wilson
Robert Wagner : Un ranger
Stuart Whitman : Lt Sheen
Clint Eastwood : Un ranger

DISTRIBUTION FRANCAISE




Arletty : Mme Barrault
Jean Louis Barrault : Père Louis Roulland
Bourvil : Le maire de Colleville sur Orne
Pauline Carton : La femme de Louis
Irina Demick : Jeanine Boitard
Fernand Ledoux : Louis
Christian Marquand : Ct Philippe Kiefer
Maurice Poli : Jean
Madeleine Renaud : La mère supérieure
Georges Rivière : Sergent Guy de Montlaur
Jean Servais : Contre-Amiral Jaujard
Alice Tissot : La concierge
Georges Wilson : Alexandre Renaud

DISTRIBUTION ALLEMANDES



Hans Christian Blech : Werner Pluskat
Wolfgang Buttner : Général Hans Spiedel
Gert Froebe : Sergent Kaffeekanne
Paul Hartmann : Général Von Rundstet
Ruth Hausmeister : L'épouse de Rommel
Michael Hinz : Maréchal Erwin Rommel
Karl John : Général Wolfgang Hager
Curd Jurgens : Gunther Blumentritt
Til Kiwe : Ct Helmut Lang
Wolfgang Luschky : Général Alfred Jodl
Kurt Meisel : Ct Ernts During
Richard Munch : Général Eric Marcks
Heinz Peincke : Colonel Josef Priller
Ernts Schroeder : Général Hans Von Salmuth
Heinz Spitzner : Lt Colonel Helmut Meyer
Wolfgang Preiss : Général Max Pemsel
Peter Van Eyck : Lt Colonel Ocker

FIGURANTS ET/OU COUPES AU MONTAGE

Gil Delamare
Yvan Chiffre
Alexandre Renault
Guy Marchand
Françoise Rosay
Jean Champion
Michel Duchaussoy
Bernard Fresson
Daniel Gélin
Clément Harari
Rudy Lenoir
Edward Meeks
Sian Philipps
Marcel Rouze
Dominique Zardi
Jean Jacques Vergne


De nombreux figurants étaient issus des promotions Arpètes de la Base Aérienne de Saintes 722 près de Rochefort, en Charente Maritime. Il s'agissait des promotions P-33 et P-38; en remerciement, le réalisateur offrir un Cinéma à la BA 722. Le bâtiment porte depuis le nom du film.

VERITE HISTORIQUE

Dans le film, trois parachutistes français atterrissent près d'une résistante, qui leur envoie des signaux lumineux. Ils doivent neutraliser une ligne de chemin de fer avec l'aide de maquisards. Ils sont parachutés avant les américains.

Cette scène est authentique car 36 parachutistes français du Spécial Air Service (SAS) furent parachutés à minuit, en 4 groupes sur la Bretagne pour créer deux bases parachutistes, encadrer la Résistance bretonne avec le parachutage de renforts les nuits suivantes et neutraliser le réseau ferré breton pour regarder l'envoi des troupes allemandes vers le front de Normandie. Le parachutiste français Emile Bouétard fut tué au combat à Plumelec à 0h40 ce 6 juin 1944.

L'atterissage des 2 parachutistes dans la cour d'un bâtiment d'un QG allemand est fondé sur le livre de Cornelius Ryan. Malheureusement, on voit le général Von Salmuth sortir de ce QG alors u'il se trouvait à ce moment là à Tourcoing.

Afin d'éviter un anachronisme, dans les scènes tournées sur la plage de Sainte-Mère-Eglise, on voit un gros tas de sable en bordure de rue (l'ancienne RN 13), sans raison apparente, ce tas a été construit pour le tournage afin de dissimuler le monument qui commémore le débarquement.

ERREURS HISTORIQUES VOLONTAIRES ET INVOLONTAIRES

Dès le début, en Angleterre, on montre Eddie Albert, conduisant une jeep sous la pluie. Cependant, cette Jeep américaine de 1944 arbore la calandre en deux couleurs en diagonale, et même, sur le bas de caisse, la grenade blanche de l'armée française 1960.

Lors de l'attaque du pont de Bénouville, sur le canal de l'Orne par les aéroportés de major Howard, on voit sous le pont quelques Britanniques décrocher les charges de destruction. En réalité, ces charges étaient sur les rambardes de chaque côté. De plus, les allemands les enlevaient chaque soir de crainte que les résistants ne les retournent contre eux. En outre, le film montre une résistance acharnée, alors que ce soir là le pont n'était pas gardé que par 3 soldats allemands. Dans la nuit, les hommes de Howard sont renforcés par la 7th Parachute Bataillon bien avant l'arrivée de la 1st Spécial Service Brigade de Lovat. Enfin, lors de la relève par les commandos, le Bag Piper de Lord Lovat, Bill Millin n'a pas traversé le pont en sonnant. Lors de la prise du pont, on peut apercevoir un transformateur EDF sur un poteau, or ce type de transformateur est apparu en 1961.

Les uniformes portés par les parachutistes américains, plus particulièrement les vestes de saut, ne correspondent pas aux vêtements d'époque, que ce soit la coupe, les couleurs et les systèmes de fermetures. Dans le film, les vestes de saut ont des systèmes de fermeture différents aux poignets : fermeture par 1 et fermeture par 1 ou 3 pressions. Dans la réalité, les manches de la veste M42 n'étaient pas fermés aux poignets que par 2 pressions.

La mention des casques portés par les parachutistes américains ne correspondent pas à celle utilisée à cette époque. Dans le film, elles ont une forme rectangulaire alors que celles portées en 1944 étaient ovales.

Les insignes divisionnaires des parachutistes de la 82e division aéroportée ne reflètent pas la réalité. Dans le film, le carré rouge encadrant le "A.A" est plus grand, et le sigle "Airborne" au-dessus à une forme plus arrondie. De plus, sur toutes les scènes montrant ces parachutistes, ce même sigle est beaucoup trop éloigné du AA. Dans la réalité, ces 2 éléments étaient plus rapprochés comme le stipulait le règlement. Cependant bon nombre de soldats les cousaient souvent à la hâte avec les moyens du bord (fils et points de couture aléatoires). Enfin, la version colorisée du film, la couleur bleue présente dans ce patch est plus foncée que l'insigne original.

Les bottes des Américains portent des lacets à bouts en caoutchouc alors qu'en réalité de tels bouts ont été inventés pendant la guerre du Viêt Nam.

Dans le film, on aperçoit certains parachutistes américains chaussé de brodequins de combat noirs (communément appelés Rangers) fermés par 2 boucles au dessus de la cheville. Ces équipement n'étaient pas en dotation en Juin 44. Les bottes de saut portées par les parachutistes américains au moment de la bataille de Normandie, étaient exclusivement de couleur marron, montaient jusqu'à mi-mollet et n'étaient munies que de lacets ce qui permettait un meilleur maintien de la cheville. Ce n'est qu'au lancement de l'opération Market Garden en septembre 1944, que les unités de parachutistes seront dotées de ces brodequins à boucles.

La teinture noire du cuir pour les équipements des troupes américaines n'est apparue que dans les années 50.

HISTOIRE DE TOURNAGE

En 1959, le journaliste irlandais naturalisé américainCornelius Ryan publie Le Jour le plus long, un livre racontant en détail le déroulement du débarquement américain sur les plages normandes le 6 juin 1944. Neuf ans d’enquête ont été nécessaires, auprès de quarante-neuf correspondants de guerre et de milliers de personnes, dont de nombreux combattants, sans oublier des officiers supérieurs allemands et américains. Le producteur français Raoul Lévy (Et Dieu… créa la femme) achète les droits et annonce un casting spectaculaire : Frank SinatraJean GabinRock HudsonCurd Jürgens… Il s’assure la collaboration de l’armée française auprès du général Koenig (grande figure des Forces Françaises Libres, devenu parlementaire) et prévoit un tournage en Corse, mais le soutien militaire américain est refusé car il ne s’agit pas d’une production hollywoodienne… Le projet tombe à l’eau et Lévy revend les droits à Darryl Zanuck.

Pilier de la 20th Century Fox (résultat de la fusion de sa société, la Twentieth Century Pictures, et de la Fox Film Corporation en 1935), Zanuck s’est installé à Paris dans les années cinquante, bénéficiant d’un statut de semi-indépendance (il a sa propre société de production, située rue La Boétie). Pour Le Jour le plus long, il voit les choses en grand mais doit lutter contre les réticences de la Fox, notamment à propos du choix du noir et blanc. "Le film sera plus crédible ainsi, leur dit-il ; d’abord nous pourrons y insérer de véritables images des actualités de l’époque et je veux que tout mon film soit une véritable reconstitution de ce qui s’est réellement passé." Après avoir obtenu gain de cause, Zanuck démarre la pré-production à Paris, comme s’en souvient son assistante Elisabeth Gagarine. "Tout a commencé par une ronde de garçons de course qui apportaient rue La Boétie la copie fournie par Cornelius Ryan, installé avenue George V, à l’hôtel Prince de Galles. Historien incontesté, Ryan n’avait aucune expérience du film, et une équipe de scénaristes mettait aussitôt son œuvre en forme, sans qu’il y ait de notables conflits." Quatre auteurs, en tout : James Jones (l’auteur de Tant qu’il y aura des hommes), le duo David PursallJack Seddon (qui écrira plusieurs adaptations d’Agatha Christie dans les années à venir) et Romain Gary (qui avait adapté son propre roman, Les Racines du ciel, pour Zanuck).

Reste à établir une distribution qui, au départ, ne semble pas devoir " briller ", car le livre rend d’abord hommage à des milliers d’anonymes. Mais il est difficile de faire interpréter une superproduction par des inconnus… "Zanuck m’a envoyé le scénario, raconte Robert Mitchum. Pour ce genre de film, il était très bon. Et j’ai dit : "Bien sûr, je le ferai." Alors John Wayne m’a appelé et m’a demandé si j’allais faire le film. J’ai dit oui. "Alors, moi aussi" a dit le Duke. Et Henry Fonda m’a appelé. Darryl m’a dit que c’était moi qui les avais amenés…Wayneremplace en réalité William Holden, qui a décliné le rôle du colonel Benjamin Vandervoort, et réclame 250.000 dollars quand ses collègues en obtiennent 30.000. "Je voulais faire le film parce que je pensais c’était une œuvre importante, mais je voulais aussi faire payer Zanuck pour ce qu’il avait dit sur le fait que j’ai réaliséAlamo." Le nabab avait en effet reproché publiquement à la star de se mêler de choses qui ne le regardaient pas… Le casting se poursuit avec d’autres stars (Mel FerrerRobert RyanEddie AlbertCurd Jürgens,Bourvil…), des vedettes confirmées (Robert WagnerRichard BurtonPeter LawfordRoddy McDowallSal MineoRod Steiger…) et des débutants déjà remarqués (Sean ConneryRichard BeymerGeorge Segal, Paul Anka, Fabian…).

Les premières prises de vues ont lieu en mai 1961 en Corse, où la production profite de la présence inhabituelle de la 6ème flotte de la marine américaine, venue participer à des manœuvres alors qu’elle est basée en Méditerranée orientale. La plupart des bâtiments ont réellement participé au D-Day, une aubaine pour Zanuck, même si l’armement moderne (des lance-missiles, notamment) oblige à tout filmer de l’arrière. Tout ne sera pas aussi simple, comme le raconte Elisabeth Gagarine. "Si nous trouvions à peu près le nécessaire du côté américain, français et britannique, grâce à la complaisance de leurs armées et à la richesse du fameux costumier Dermann de Londres, la débâcle de la Wehrmacht nous privait de tout matériel allemand. Zanuck exigeait des avions allemands authentiques et non des appareils fantaisie plus ou moins maquillés. Au point qu’un soir, au bord du découragement, je l’ai entendu soupirer : "Pour Eisenhower, c’était facile. Lui, il l’avait, le matériel !" Enfin, nous avons découvert deux Messerschmitt dans un hangar d’Espagne et les prises de vues en extérieur ont pu s’achever sans problème…"

À Paris, on recrute des cascadeurs pour les rôles de troufions. La sélection est rude, les plus faibles sont écartés. Sur un terrain militaire de Versailles, Jonny Jendrich, un ancien sergent de la Wehrmacht qui a déjà officié comme conseiller technique sur plusieurs films français (Babette s’en va-t-en guerreLe Chemin des écoliers…), transforme ses jeunes recrues en véritables soldats. "C’est un dur de dur revenu de l’enfer de Stalingrad, se souvient l’acteur américain Edward Meeks. Il semble prendre une joie sadique à nous en faire baver, ramper dans la boue, escalader des échelles, nous jeter dans l’eau glacée, sauter des toits." De son côté, le français Gil Delamare est chargé de former des parachutistes à la base de Pau. Le futur cascadeur Yvan Chiffre fait partie des heureux élus qui, eux non plus, ne sont pas à la fête. "Nous recevons un entraînement poussé, presque un entraînement de commando : on nous largue de l’avion à 150 ou 180 mètres, comme les commandos en Indochine, alors que le saut normal est de 450 mètres… La production a dû demander une dérogation au ministère des Armées."

Le tournage des scènes de débarquement se déroule à la Pointe du Hoc (la scène des grappins avec Robert Wagneret George Segal) mais surtout… en Corse et sur l’île de Ré ! Car le paysage normand a bien changé depuis 1944, des résidences secondaires se sont construites à tour de bras. Omnipotent sur ce tournage d’envergure, Zanuck se rend en hélicoptère d’un lieu de tournage à un autre (Pont de Bénouville, Port-en-bessin - qui représente à l’écran Ouistreham, Caen, Bayeux…) et réalise lui-même une partie du film, notamment les scènes avec John Wayne et Richard Burton. Mais il doit déléguer les scènes allemandes à Bernhard Wicki, les scènes anglaises à Ken Annakin et les scènes américaines à Andrew Marton. On doit également à Elmo Williamsplusieurs scènes de combat et Gerd Oswald est chargé de l’épisode de Sainte-Mère-Eglise.

Dans ce dernier endroit, haut lieu du Jour J (elle fut la première ville libérée), Gil Delamare doit reconstituer l’arrivée des parachutistes américains. "Sauter d’avion ? Pas question ! Donc, d’hélicoptère ! Bien que ça ne soit pas très agréable, je pensais que c’était le seul moyen et, de toute façon, je n’en imaginais pas d’autres. Et ce furent des nuits épouvantables ! (…) Personne n’arrivait à l’endroit prévu ! Nous avons fait 64 - soixante-quatre - sauts de nuit sur ce bled sans résultat. C’était à devenir fou ! Puis, j’ai essayé d’attacher les parachutistes à un câble : rien à faire non plus !" Delamare a alors l’idée d’employer des grues et de lâcher les parachutistes à vingt mètres du sol. "C’est, je pense, le record du monde de saut à basse altitude !" Lorsque les cascadeurs sautent réellement d’un avion, ils n’atterrissent pas toujours là où ils voudraient, traversant malencontreusement des toitures. Après plusieurs jours, les habitants n’hésitent pas à leur demander s’ils ne peuvent pas, le soir suivant, sauter chez eux. "Tout le village sait que si nous tombons sur un toit et brisons une trentaine de tuiles, Zanuck paie toute la toiture…" précise Yvan Chiffre.

Utah Beach et Omaha Beach sont reconstituées sur la plage de Sablanceaux, à l’île de Ré. Le tournage va y durer plusieurs mois. Les figurants n’en finissent pas de débarquer, de patauger, de courir et de mourir. "C’est bien simple, j’ai l’impression de rempiler", confie l’un d’eux à un journaliste de "Paris-Presse". Parmi eux se trouvent aussi de véritables soldats américains, qui n’apprécient pas du tout d’avoir été enrôlés de force dans cette guerre de pacotille. Ils énumèrent les pressions dont ils ont fait l’objet dans des lettres qui sont lues au Sénat ! L’un des élus estime que le Congrès n’a pas levé une armée pour qu’elle prenne part à une "entreprise commerciale privée". Zanuck a obtenu de l’aide de son ami, le général Norstad, commandant en chef des forces américaines en Europe, qui lui a fourni hommes et matériels. Un empressement peu apprécié à Washington… Lorsqu’un journal relate les propos moqueurs de Robert Mitchum sur la peur des militaires d’embarquer à bord des péniches de débarquement, la coupe est pleine et les aides sont sur le point d’être coupées. Zanuck doit intervenir et Mitchum se fend d’un communiqué où il dément avoir tenu de tels propos.

Le producteur encense le professionnalisme de son acteur lors des scènes de débarquement. "Mitchum devait sauter d’une embarcation et traverser une plage sur deux kilomètres. Il a dû se tenir à la hauteur d’un régiment de G.I. entraînés. Il a dû se baisser à 97 repères d’explosion et, dans le mouvement et sans "coupes", s’affaler au pied d’un bunker et dire son dialogue pendant que tout explosait autour de lui." Un jour, pourtant, tout ne s’est pas si bien passé, comme s’en souvient Yvan Chiffre. Les artificiers doivent faire sauter une muraille (qui, dans le film, empêche les Américains de s’introduire dans les terres). "Quand tout est au point, il y a un moment de silence. Les dix équipes caméras sont prêtes, soigneusement disposées sur les 5 kilomètres de plage ; 2500 hommes couchés face contre le sable, les muscles bandés, attendent que le ciel leur tombe sur la tête. On nous a dit de nous mettre du coton dans les oreilles, car les artificiers ont préparé une formidable explosion qui doit ébranler la muraille ; nul ne sait à combien de mètres vont monter les débris. (…) Soudain, on entend un bruit ridicule, à peine un coup de revolver. Trois briques tombent de la muraille, une fumerolle s’élève, en même temps qu’éclate sur la plage un fou rire général." Trois jours seront nécessaires pour retrouver le fil qui s’est débranché…

À la fin du tournage, Darryl Zanuck tient à remercier les milliers de participants. Il organise sur l’île de Ré une énorme fête et charge Edward Meeks de s’occuper du spectacle. Des artistes et des strip-teaseuses sont amenés de Paris par hélicoptère, et Yvan Chiffre règle une bagarre… qui s’étend à toute la salle, surchauffée. "C’est certainement la plus grande bagarre de cinéma que j’ai jamais vue."
Le jour le plus long connaîtra un très grand succès, qui permettra à la Fox d’échapper à la banqueroute, à la suite des dépassements de budget de Cléopâtre.

ANECDOTES

Lors du nettoyage d'une section de la plage en Normandie près du Ponte du Hoc, l'équipe de tournage a déterré un réservoir qui avait été enterré dans le sable depuis l'invasion initiale. Mécanique, nettoyé qui a été réparé et utilisé dans le film dans le cadre du régiment des chars britanniques.

Comme simple soldat âgé de 22 ans, Jospeh Lowe a débarqué sur Omaha Beach le jour J avec le 2e bataillon de Rangers et mise à l'échelle des falaises à Point-Du-Hoc. Il a mis à l'échelle ces falaises de 100 pieds partout encore, pour les caméras, quelque 17 ans plus tars.

Dwight Eisenhower quitta la projection après seulement quelques minutes, frustrés par les inexactitudes.

Richard Tood (jouant le major Howard) était lui-même en Normandie le Jour J et a participé à l'assaut.

Pendant le tournage du débarquement à Omaha Beach, les soldats américains qui apparaissent comme figurants n'avait pas envie de sauter au large de la péniche dans l'eau, parce qu'ils ont pensé qu'il serait trop froide, Robert Mitchum a été tellement dégoûté qu'il a sauté le premier, à tel points que les soldats n'avaient plus le choix.

Dans le cadre du contrat de John Wayne, en plus de ses honoraires élevés, il a insisté sur l'obtention d'une facture séparée. La pratique habituelle en filmographie pour ce type de situation est de commencer par "avec John Wayne" avec "Les autres acteurs"... finalement il a été inscrit en dernier, les membres du casting refusant son deal, car il avait refusé de faire la guerre parce qu'il était marié avec une famille.

Selon plusieurs vétérans allemands, le major Werner Pluskat n'était pas dans son bunker de commandement à Omaha Beach lors de la première vague de l'invasion des forces débarquées, tel que présenté dans le film, mais dans un bordel à Caen.

Juste avant le début du tournage, Zanuck a été approché par un homme affirmant qu'il représente les propriétaires de la plage. Il a insisté sur un paiement de 15 000 $ ou bien ils seraient en train de conduire des voitures modernes, Zanuck paie, mais il s'agissait d'une arnaque.

De l'ancien président Eisenhower a été envisagé dans le rôle de lui-même dans le film. Toutefois il a été que maquilleuse ne pouvait pas le faire apparaître plus jeune pour se jouer lui même.

Aucun planeur du genre utilisé lors de l'invasion n'étaient plus disponibles, donc Zanuck a commandé de nouveaux doublons de la même société qui construit les originaux.

Le colonel Benjamin Vandervoort était très déçu de constater qu'il a été joué dans le film par John Wayne, Le colonel étant plus jeune de 10 ans que John Wayne.

Avec un budget de 10 millions de $ , c'était le film le plus cher en noir et blanc, jusqu'à La liste de Schindler en 1993.

Sean Connery a demandé de tourner rapidement, pour rejoindre le plateau de James Bond contre DrNo.

Lors de la première diffusion télévisuelle, en 1978, un mardi soir aux Dossiers de l'Ecran, le Film a suscité un tel engouement que le réseau électrique a saturé, provoquant une coupure de courant dans plusieurs régions. En effet, EDF n'avait pas anticipé que la programmation d'un film engageraient une telle consommation électrique, et de fait des régions comme la Bretagne ont perdu le courant en cours de film, les empêchant d'en voir la fin. La partie manquante fut reprogrammée 3 semaines plus tard à 23h00 pour permettre à tous de le visionner en entier.

RÉCOMPENSES

- Oscar 1963 de la Meilleure Photographie
- Oscar 1963 des Meilleurs Effets Visuels
- Golden Globes 1962 de la Meilleure Photographie
- David Di Donatello de la meilleure production étrangère en 1963
+ 3 Nominations aux Oscars 1963 (Direction Artistique, Montage et Musique).



















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